Dans l’univers politique, les 100 premiers jours d’un mandat sont souvent perçus comme un moment charnière : une période cruciale pour poser les bases d’un programme, marquer les esprits et affirmer sa légitimité. Cette dynamique trouve également un écho puissant dans le monde de l’entreprise, en particulier lors de la prise de poste d’un directeur général. Comme un chef d’État, le nouveau DG doit naviguer entre l’urgence de produire des résultats tangibles et la nécessité de définir une vision à long terme. Dans un environnement où le temps est compté, chaque décision, chaque interaction compte. Cette période est un véritable test pour affirmer son leadership, instaurer sa légitimité et poser les bases de sa vision stratégique.
1. L’urgence de s’imposer : se légitimer rapidement
Dans les 100 premiers jours, le nouveau directeur général est sous le regard constant de toutes les parties prenantes. Collaborateurs, CODIR, actionnaires ou clients : tous attendent des signes tangibles de leadership et de vision.
- Écouter et observer activement : Dès les premiers jours, il est crucial d’écouter les préoccupations des collaborateurs et les dynamiques du CODIR. Cette approche permet de comprendre les attentes mais aussi de démontrer un respect sincère pour l’existant. Réfléchissez à la meilleure façon de faire cette remontée terrain à grande échelle et rapidement.
- Prendre des décisions rapides mais stratégiques : L’urgence de s’imposer ne signifie pas agir dans la précipitation. Choisir une ou deux priorités claires et visibles permet de marquer son empreinte sans diluer son énergie. Par exemple, résoudre un problème clé identifié lors des premières semaines envoie un message fort sur votre capacité à transformer les enjeux en opportunités. Communiquez ces axes prioritaires aux équipes, partagez votre réflexion et embarquer l’ensemble de l’entreprise en ce sens.
2. Se poser les bonnes questions : l’auto-diagnostic du leader
Prendre un poste de direction générale n’implique pas seulement d’évaluer l’organisation : cela suppose aussi de se poser les bonnes questions pour orienter son action. Voici quelques interrogations essentielles à mener en toute lucidité :
- Au bout de combien de temps votre prédécesseur ne sera-t-il plus tenu responsable des résultats en cours ? Comprendre à quel moment les performances de l’entreprise deviendront pleinement associées à votre mandat permet d’ajuster votre approche stratégique.
- Quel est le premier bilan que vous allez présenter ? Dès les premiers jours, anticipez l’impact de vos décisions sur les résultats financiers et élaborez des mesures visibles pour construire la crédibilité nécessaire face aux actionnaires.
- Votre capacité à faire bouger l’organisation va-t-elle augmenter ou diminuer avec le temps ? Identifier les fenêtres d’opportunité pour mener des changements stratégiques est essentiel, car l’élan initial peut rapidement s’essouffler.
- Quel signal envoyer aux N-1 directs : « rien ne bouge, on continue » ou « on va innover/faire différemment » ? Chaque interaction avec les managers de premier niveau influence leur perception de votre leadership et leur engagement dans votre vision.
- Comment je voudrais que mon mandat de DG soit perçu dans 1 an/dans 5 ans? En vous projetant dans le futur, vous pourrez aligner vos actions présentes avec votre vision de l’héritage que vous souhaitez laisser.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre « auto-questionnaire du nouveau DG » complet.
3. Asseoir son leadership au CODIR
Le comité de direction est à la fois votre premier cercle d’alliés potentiels et votre premier terrain d’évaluation. Pour réussir, il faut rapidement bâtir une relation de confiance.
- Montrer une posture affirmée et visionnaire : Prenez le temps d’échanger avec chaque membre du CODIR indépendamment. Dès les premières réunions, adoptez une posture de leader clair et déterminé. Partagez une vision préliminaire, même si celle-ci devra évoluer, pour rassurer et fédérer. Enfin, affirmez votre style de leadership avec une première action significative qui ouvrira un nouveau chapitre. En effet, votre 1er acte de leadership se jouera devant le CODIR avant de se jouer devant l’ensemble de l’entreprise.
- Impliquer et responsabiliser le CODIR : Identifiez les membres clés du comité, valorisez leurs compétences et embarquez les dans les premières décisions stratégiques permettra de créer un sentiment de co-responsabilité. Cela renforcera votre position tout en établissant une dynamique collective.
4. Rassurer les collaborateurs : l’urgence de l’action et de la communication
Pour les collaborateurs, un nouveau directeur général suscite à la fois des attentes et des incertitudes. Ils attendent les nouveaux signaux avec impatience : quelles seront les premières actions du nouveau dirigeant ? La communication autour de ces actions et de la vision développée devient donc un outil essentiel pour instaurer la confiance.
- Définir des messages clairs et percutants : Lors des premières prises de parole, adoptez un discours aligné sur vos intentions et vos valeurs. Le choix d’un canal de communication percutant et engageant pour vos équipes est à anticiper.
- Rencontrer et impliquer : écoutez les besoins des équipes opérationnelles et montrez que vous êtes prêt à agir. Positionnez-les comme acteurs du changement et donner leur la possibilité d’être force de proposition, et surtout de solutions ! Cela contribue à réduire les résistances et à créer une dynamique positive autour de votre arrivée.
5. La contrainte du temps : prioriser pour réussir
Dans un laps de temps aussi court, il est impossible de tout transformer. C’est pourquoi la capacité à prioriser est essentielle.
- Identifier les “quick wins” : Ces succès rapides, visibles par tous, renforcent votre crédibilité dès le départ. Par exemple, simplifier un processus administratif bloquant ou lancer un projet pilote sur un élément ciblé de l’expérience client peut marquer les esprits.
- Préparer le terrain pour le long terme : Tout en répondant aux urgences, gardez en tête les fondations stratégiques nécessaires pour atteindre vos objectifs à moyen terme.
Les 100 premiers jours d’un directeur général ne sont pas qu’une simple phase d’intégration : ils sont une course contre la montre pour s’imposer comme le leader dont l’entreprise a besoin. Avec une écoute attentive des équipes, des actions « quick wins », le développement d’une vision stratégique et une communication percutante, cette période peut devenir un tremplin pour poser durablement votre empreinte et assoir votre style de leadership.